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896 To Theo van Gogh and Jo van Gogh-Bonger. Auvers-sur-Oise, Wednesday, 2 July 1890.

metadata
No. 896 (Brieven 1990 900, Complete Letters 646)
From: Vincent van Gogh
To: Theo van Gogh and Jo van Gogh-Bonger
Date: Auvers-sur-Oise, Wednesday, 2 July 1890

Source status
Original manuscript

Location
Amsterdam, Van Gogh Museum, inv. no. b694 V/1962

Date
Vincent responds to Theo’s letter of 30 June and 1 July (letter 894), which he has ‘just’ received. We have therefore dated the letter to Wednesday, 2 July 1890. (In Brieven1914 Jo van Gogh-Bonger dated it 30 June 1890, which is certainly incorrect).

Ongoing topic
Theo considers leaving the firm of Boussod, Valadon & Cie (894)

Sketches

  1. Girl against a background of wheat (F - / JH 2054), letter sketch
  2. Couple walking between rows of poplars (F - / JH 2042), letter sketch
  3. Wheatfields (F - / JH 2039), letter sketch

original text
 1r:1
Mon cher Theo & chère Jo.
je viens de recevoir la lettre dans laquelle tu dis que l’enfant est malade;1 je voudrais bien venir vous voir et ce qui me retient c’est la pensée que je serais encore plus impuissant que vous autres dans le cas donné de chagrin. Mais je sens combien cela doit être très éreintant et voudrais pouvoir donner un coup de main. En venant de but en blanc je crains d’augmenter la confusion. De tout mon coeur je partage vos inquiétudes pourtant. C’est bien dommage que chez M. Gachet la maison est si encombrée de toutes sortes de chôses.– Sans cela je crois que ce serait un bon plan de venir loger ici – chez lui – avec le petit, au moins pour un bon mois – je crois que l’air de campagne fait enormément de l’effet. Dans la rue ici il y a des gosses nés à Paris et réellement maladifs – qui pourtant vont bien. Venir ici à l’auberge se pourrait aussi, c’est vrai. Pour que tu ne sois pas trop seul je pourrais moi venir chez toi pour une semaine ou quinzaine.
Cela n’augmenterait pas les dépenses.– Pour le petit, vrai je commence à craindre qu’il faudra lui donner de l’air et surtout le petit va et vient des autres enfants d’un village. Sûr, Jo aussi qui partage nos inquietudes et hasards je crois que de temps en temps il lui faut prendre cette distraction de la campagne.
Une lettre de Gauguin assez mélancolique,2 il parle vaguement d’etre bien décidé pour Madagascar mais si vaguement qu’on voit bien qu’il ne pense à cela que parce qu’il ne sait réellement pas à quoi d’autre penser. Et l’exécution du plan me parait presqu’absurde.
 1v:2 [sketch A]
[sketch B]
[sketch C]
 1v:3
Voici trois croquis – l’une d’une figure de paysanne, grand chapeau jaune avec un noeud de rubans bleu céleste, visage très rouge. caraco gros bleu à pointillé orangé, fond d’epis de blé.
C’est une toile de 30 mais c’est bien un peu grossier je crains.–3 Puis le paysage en longueur avec les champs, un motif comme serait de Michel – mais alors la coloration est vert tendre, jaune et bleu vert.4 Puis un sous bois, des troncs de peupliers violets qui perpendiculairement comme des colonnes traversent le paysage. la profondeur du sous bois est bleue et sous les grands troncs la prairie fleurie, blanche, rose, jaune, verte, longues herbes roussies et fleurs.5
Les gens d’ici à l’auberge ont restéa dans le temps à Paris; là ils etaient constamment indisposés, parents et enfants, ici ils n’ont jamais rien du tout et surtout pas le plus petit qui est venu quand il avait 2 mois et alors la mère avait du mal pour y donner à téter tandis qu’ici presqu’aussitôt tout cela est allé bien.6 D’un autre côté toi tu travailles toute la journée et à présent probablement ne dors tu guère. Je croirais volontiers que Jo aurait deux fois plus de lait ici et qu’alors qu’elleb viendrait ici on pourrait se passer des vaches, ânes & autres quadrupèdes. Et pour Jo, pour que dans la journée elle aie de la compagnie ma foi elle pourrait encore aller loger juste en face de chez le père Gachet, peutetre te rappelles tu qu’il y a une auberge juste en face en bas de la pente.7
 1r:4
Que veux tu que je dise quant à l’avenir peutêtre peut-être sans les Boussod.–
Ce sera comme ce sera, tu ne t’es pas épargné du mal pour eux, tu leur as servi avec une fidelité exemplaire tout le temps.
Je cherche moi à faire aussi bien que je peux mais ne te cache pas que je n’ose guere y compter d’avoir toujours la santé nécessaire.
Et si mon mal revenait tu m’excuserais, j’aime encore beaucoup l’art et la vie mais quant à jamais avoir une femme à moi je n’y crois pas très fort. Je crains plutôt que vers mettons la quarantaine – mais ne mettons rien – je déclare ignorer, mais absolument absolument, quelle tournure cela puisse encore prendre.
Mais je t’écris de suite que pour le petit je crois qu’il ne faut pas t’inquieter outre mesure; si c’est qu’il fait ses dents, eh bien pour lui faciliter la besogne peutêtre pourrait on le distraire davantage ici où il y a des enfants, des bêtes, des fleurs et du bon air.
Je vous serre bien la main à toi et à Jo en pensée et embrasse le petit.

t. à v.
Vincent

merci de l’envoi de couleurs, du billet de 50 fr. et de l’article sur les Indépendants.8

Il viendra probablement te voir un Anglais, australien, nommé Walpole Brooke, demeurant 16 Rue de la grande chaumière – je lui ai dit que tu lui indiquerais une heure où il pourrait venir voir mes toiles qui sont chez toi.9
Il te montrera probablement de ses études, qui sont encore assez ternes mais il observe pourtant la nature. Il a été ici à Auvers durant des mois et nous sortions quelquefois ensemble. il a été elévé au Japon, on ne le dirait pas en voyant sa peinture – mais cela pourrait venir.

translation
 1r:1
My dear Theo and dear Jo.
I’ve just received the letter in which you say that the child is ill;1 I’d very much like to come and see you, and what holds me back is the thought that I’d be even more powerless than you are in the given state of distress. But I can feel how very exhausting it must be, and would like to be able to lend a hand. By coming straightaway I fear I would increase the confusion. However, I share your anxieties with all my heart. It’s a real pity that at Mr Gachet’s the house is so cluttered with all sorts of things. Otherwise I think it would be a good plan to come and lodge here – at his house – with the little one, at least for a good month – I think that the country air has an enormous effect. In the street here there are kids born in Paris and really sickly – who however are well. Coming here to the inn would be possible too, it’s true. So that you aren’t too alone I could come myself to stay at your place for a week or fortnight.
That wouldn’t increase the expenses. For the little one, truly I’m beginning to fear that he must be given air, and especially the little bustle of the other children of a village. Surely, Jo too, who shares our anxieties and risks, I think that from time to time she must take this distraction of the country.
A rather melancholy letter from Gauguin,2 he talks vaguely of having definitely decided on Madagascar, but so vaguely that one can clearly see that he’s only thinking of it because he doesn’t really know what else to think about. And the execution of the plan seems almost absurd to me.  1v:2

[sketch A]

[sketch B]

[sketch C]

 1v:3
Here are three croquis – one of a figure of a peasant woman, big yellow hat with a knot of sky-blue ribbons, very red face. Coarse blue blouse with orange spots, background of ears of wheat.
It’s a no. 30 canvas but it’s really a little coarse, I fear.3 Then the horizontal landscape with the fields, a subject like one of Michel’s – but then the coloration is soft green, yellow and green-blue.4 Then undergrowth, violet trunks of poplars which cross the landscape perpendicularly like columns. The depths of the undergrowth are blue, and under the big trunks the flowery meadow, white, pink, yellow, green, long russet grasses and flowers.5
The people here at the inn used to live in Paris; there they were constantly indisposed, parents and children, here they never have anything, and especially not the littlest one which came here when it was 2 months old, and then the mother had difficulty in suckling him, while here all of that went well almost immediately.6 In another respect you work all day long, and at the moment you’re probably hardly sleeping. I’d willingly believe that Jo would have twice as much milk here, and that then when she came here one could do without cows, donkeys and other quadrupeds. And as for Jo, so that during the daytime she has company, my word, she could also go and stay just opposite père Gachet, perhaps you remember that there’s an inn just opposite at the bottom of the slope.7  1r:4
What do you want me to say as regards the future, perhaps, perhaps, without the Boussods?
What will be, will be, you haven’t spared yourself trouble for them, you’ve served them with an exemplary fidelity all the time.
I, too, am trying to do as well as I can, but I don’t hide from you that I scarcely dare count on always having the necessary health.
And if my illness recurred you would excuse me, I still love art and life very much, but as to ever having a wife of my own I don’t believe in it very strongly. I fear, rather, that towards let’s say the age of forty – but let’s not say anything – I declare that I know nothing, absolutely nothing, of what turn it may yet take.
But I’m writing to you at once that as regards the little one I think you mustn’t worry yourselves excessively; if it’s that he’s teething, well to make the task easier for him perhaps we could distract him more here where there are children, animals, flowers and good air.
I shake your hand and Jo’s firmly in thought, and kiss the little one.

Ever yours,
Vincent

Thank you for the consignment of colours, for the 50-franc note and for the article on the Independents.8

An Englishman, Australian, called Walpole Brooke will probably come to see you; he lives at 16 rue de la Grande Chaumière – I told him that you would let him know a time when he could come and see my canvases that are at your place.9
He’ll probably show you some of his studies, which are still rather lifeless, but however he does observe nature. He has been here in Auvers for months, and we went out together sometimes, he was brought up in Japan, you would never think so from his painting – but that may come.
notes
1. This was Theo’s letter 894.
2. This was letter 892.
3. The letter sketch Girl against a background of wheat (F - / JH 2054) was made after the painting of the same name F 774 / JH 2053 , which measures 92 x 73 cm.
4. The letter sketch Wheatfields (F - / JH 2039) was made after the painting of the same name F 775 / JH 2038 .
5. The letter sketch Couple walking between rows of poplars (F - / JH 2042) was made after the painting of the same name F 773 / JH 2041 .
a. Read: ‘vécu’.
6. This must refer to two-year-old Germaine Ravoux.
b. Read: ‘quand elle’.
7. This inn was perhaps Auberge Saint-Aubin or Café-Auberge Chez Colignon. See letter 873, n. 1, and letter 876, n. 4.
8. Van Gogh had placed this order for paint in letter 893. Theo possibly sent Georges Lecomte’s article ‘L’exposition des néo-impressionistes. Pavillon de la Ville de Paris (Champs-Elysées)’, L’Art et Critique. Revue Littéraire, Dramatique, Musicale et Artistique 2 (29 March 1890), no. 44, pp. 203-205. The following is an excerpt from what Lecomte wrote about the works on display: ‘Mr Vincent Van Gogh’s wild impastoes and his exclusive use of colours with flowing harmonies create powerful effects: the purple backgrounds of “Cypresses” and the symphony of greens in a patch of undergrowth make a vivid impression’. (Les empâtements farouches de M. Vincent Van Gogh et son emploi exclusif de couleurs aux harmonies aisées aboutissent à des effects puissants: les fonds violets de «Cypres» et la symphonie des verts d’un sous bois impressionnent vivement). For the works by Van Gogh on display at this exhibition, see letter 854, n. 7.
9. That is a Paris address. When he was in Auvers Edmund Walpole Brooke stayed at Hotel-restaurant du Cadran in rue Victor Hugo, which is the address scribbled on a calling card of his in the family estate: ‘Holet [i.e. Hotel] du Cadran / Auvers-sur-Oise’ (FR b9063).