2En rentrant d’un petit voyage j’ai 3trouvé, et votre lettre1 et votre 4épreuve eau forte_–2 Nous avions été/ 5de Haan et moi/ passer 5 jours 6à Pont-Aven, mon ancienne résidence 7qui est à 6 lieues du Pouldu_–
8Votre lettre ne me dit pas grand chose – 9Si vous avez vu mes études à Paris 10chez Goupil, ce que vous en pensez! 11Si mon voyage projeté pour Madagascar 12vous parait déraisonnable. J’en rêve 13tous les jours au point que je ne travaille 14presque pas en ce moment, voulant me 15reposer un peu, prendre des forces 16'nouvelles po[u]r là-bas_–
17Et vous, vous êtes insatiable; je vois 18que vous n’avez pas perdu de temps 19à Auvers_– Il est bon cependant de se 20reposer quelquefois l’esprit et le corps.
21Votre idée de venir en Bretagne 22au Pouldu me paraît excellente si elle 23était réalisable_– Car nous sommes/ de 24Haan et moi/ dans un petit trou 25éloigné de la ville_ Sans d’autre 26communication qu’une voiture de louage. 27Et pour un malade qui a besoin 28de médecin quelquefois c’est scabreux. 29À Pont Aven c’est autre chose/ il y 30a médecin et du monde_– En outre 31si je parviens à faire mon affaire pour 32'aller à Madagascar je ne serai plus ici
1v:3 33au commencement de Septembre, ainsi 34que de Haan qui va repartir 35en Hollande. Voilà en toute 36franchise la situation. Et cependant 37Dieu sait avec quel plaisir je 38verrais l’ami Vincent près de nous.
39Je ne connais pas le docteur 40Gachet mais j’ai entendu parler de 41lui souvent par le père Pissarro. 42Et ce doit être pour vous 43agréable d’avoir près de vous quelqu’un 44qui sympatise avec votre travail, 45vos idées_–
46Hélas, moi je me vois condamné 47à être de moins en moins compris, 48et je dois m’en tenir à suivre
1v:4 49ma voie seul, traîner une existence 50sans famille comme un paria_– 51Aussi la solitude dans les bois me paraît 52dans l’avenir être un paradis nouveau 53et presque rêvé_– Le sauvage retournera 54au sauvage.