Back to site

886 To Willemien van Gogh. Auvers, Friday, 13 June 1890.

metadata
No. 886 (Brieven 1990 889, Complete Letters W23)
From: Vincent van Gogh
To: Willemien van Gogh
Date: Auvers-sur-Oise, Friday, 13 June 1890

Source status
Original manuscript

Location
Amsterdam, Van Gogh Museum, inv. no. b723 V/1962

Date
The letter was enclosed with letter 885 (see ll. 1*-2); we have therefore dated both letters to Friday, 13 June 1890 (see letter 885, Date).

Additional
This letter was enclosed with the letter to Mrs van Gogh (letter 885).

original text
 1r:1
Ma chère soeur,
j’ajoute quelques mots pour toi à la lettre de la mère. Dimanche dernier j’ai eu la visite de Theo et de sa famille,1 je trouve fort agreable d’être moins éloigné d’eux. De ces jours ci je travaille beaucoup et vite; ainsi faisant je cherche à exprimer le passage désespérément rapide des chôses dans la vie moderne.
Hier dans la pluie j’ai peint un grand paysage où l’on aperçoit des champs à perte de vue vus d’une hauteur, des verdures différentes, un champ de pommes de terre vert sombre, entre les plants réguliers la terre grasse et violette, un champ de pois en fleur blanchissant à côté, un champ de luzerne à fleurs roses avec une figurine de faucheur, un champ d’herbe longue et mûre d’un ton fauve, puis des blés, des peupliers, une derniere ligne de collines bleues à l’horizon au bas desquelles un train passe, laissant derrière soi dans la verdure une immense traînée de blanche fumée. Une route blanche traverse la toile. Sur la route une petite voiture et des maisons blanches à toits rouge cru au bord de cette route. De la pluie fine raye le tout de lignes bleues ou grises.2
il y a un autre paysage avec de la vigne et des prairies au premier plan, les toits du village venant après.3
 1v:2
Et encore un avec rien qu’un champ vert de froment qui s’étend jusqu’à une villa blanche entourée d’un mur blanc avec un seul arbre.4
J’ai fait le portrait de M. Gachet avec une expression de mélancolie qui souvent à ceux qui regarderaient la toile pourrait paraître une grimace.5 Et pourtant c’est ça qu’il faudrait peindre parcequ’alors on peut se rendre compte combien, en comparaison des portraits calmes anciens, il y a de l’expression dans nos têtes actuelles et de la passion et comme de l’attente et comme un cri. Triste mais doux mais clair et intelligent, ainsi faudrait il en faire beaucoup de portraits, cela ferait encore un certain effet à des moments sur les gens.
Il y a des têtes modernes que l’on regardera encore longtemps, qu’on regrettera peutêtre cent ans après. Si j’avais dix ans de moins, avec ce que je sais maintenant, comme j’aurais de l’ambition pour travailler à cela. Dans les conditions données je ne peux pas grand chôse, je ne fréquente ni ne saurais fréquenter assez la sorte de gens que je voudrais influencer.
J’espère bien faire ton portrait à toi un jour. Je suis bien curieux d’avoir une nouvelle lettre de toi, à bientot j’espère, en pensée je t’embrasse bien.

t. à t.
Vincent.

translation
 1r:1
My dear sister,
I’m adding a few words for you to Mother’s letter. Last Sunday I had a visit from Theo and his family,1 I find it most agreeable to be less far away from them. Lately I’ve been working a lot and quickly; by doing so I’m trying to express the desperately swift passage of things in modern life.
Yesterday in the rain I painted a large landscape viewed from a height in which there are fields as far as the eye can see, different types of greenery, a dark green field of potatoes, between the regular plants the lush, violet earth, a field of peas in flower whitening to the side, a field of pink-flowered lucerne with a small figure of a reaper, a field of long, ripe grass, fawn in hue, then wheatfields, poplars, a last line of blue hills on the horizon, at the bottom of which a train is passing, leaving behind it an immense trail of white smoke in the greenery. A white road crosses the canvas. On the road a little carriage and white houses with stark red roofs beside this road. Fine rain streaks the whole with blue or grey lines.2
There’s another landscape with vineyards and meadows in the foreground, the roofs of the village coming behind.3  1v:2
And another one with nothing but a green field of wheat which extends up to a white villa surrounded by a white wall with a single tree.4
I’ve done the portrait of Mr Gachet with an expression of melancholy which might often appear to be a grimace to those looking at the canvas.5 And yet that’s what should be painted, because then one can realize, compared to the calm ancient portraits, how much expression there is in our present-day heads, and passion and something like waiting and a shout. Sad but gentle but clear and intelligent, that’s how many portraits should be done, that would still have a certain effect on people at times.
There are modern heads that one will go on looking at for a long time, that one will perhaps regret a hundred years afterwards. If I were ten years younger, with what I know now, how much ambition I would have for working on that. In the given conditions I can’t do very much, I neither frequent nor would know how to frequent sufficiently the sort of people I would like to influence.
I do hope to do your portrait one day. I’m very curious to have another letter from you, more soon, I hope, I kiss you affectionately in thought.

Ever yours,
Vincent.
notes
1. This visit had taken place on Sunday, 8 June.
2. Landscape with a carriage and train (F 760 / JH 2019 ).
3. Vineyards with a view of Auvers (F 762 / JH 2020 ).
4. Wheatfield (F 804 / JH 2018 ).
5. Doctor Gachet (F 753 / JH 2007 ).