1*Merci beaucoup de ta 2lettre chargée, contenant fr_ 150, qui est 3arrivée ce matin. Egalement j’ai reçu 4toiles & couleurs de Tasset & l’Hôte 5(celles de Tanguy etaient elles dans le meme envoi?)1 6et je ne saurais trop t’en être reconnaissant 7car si je n’avais eu mon travail/ depuis 8longtemps je serais enfoncé encore bien 9davantage. A présent le mieux continue/ 10toute l’horrible crise a disparue comme une 11orage et je travaille pour donner un dernier 12coup de brosse ici avec une ardeur calme 13& continue. J’ai en train une toile 14de roses sur fond vert clair2 et deux toiles 15representant de grands bouquets de 16fleurs d’Iris violets/ les unes contre un 17fond rose où l’effet est harmonieux et 18doux par la combinaison des verts/ roses/ 19violets_3 Au contraire l’autre bouquet 20violet (allant jusqu’au carmin et au 21bleu de prusse purs) se détachant sur 22un fond jaune citron eclatant avec d’autres tons jaunes 23dans le vase & le socle sur lequel il repose/ 24est un effet des complementaires disparates 25terribles qui s’exaltent par leur opposition_4
33Oui, à moi aussi il me semble qu’il 34y a une époque très longue entre 35le jour où nous avons pris 36congé à la gare & ces jours ci_ Mais – 37etrange de nouveau que/ de même que 38ce jour-là nous étions si frappés des toiles 39de Seurat/6 ces derniers jours ici me sont 40de nouveau comme une révélation de 41couleur. Pour mon travail, mon cher frère, 42je me sens plus d’aplomb qu’en partant 43et il serait ingrat de ma part de médire 44du midi, et j’avoue que c’est avec un 45gros chagrin que je m’en retourne_
46Si ton travail t’empêchait de venir me prendre 47à la gare ou si c’etait à une heure difficile 48ou qu’il ferait trop mauvais temps/ ne t’en 49inquiètes pas/ je trouverais bien mon chemin 50et je me sens si calme que cela m’étonnerait 51beaucoup si je perdais mon aplomb.
52Comme je désire te revoir et faire la 53connaissance de Jo et du bébé_
54Il est probable que j’arrive à Paris 55le matin vers 5 heures. mais enfin 56la dépêche te le dira au juste.
57Le jour de mon départ dépend de ce que 58j’aie fait ma malle et que j’aie fini mes 59toiles/ à ces dernieres je travaille avec tant 60d’entrain que faire la malle me parait 61plus difficile que de faire les tableaux. 62Enfin ce ne sera pas long. je suis bien 63aise que cela n’aie pas traîné/ ce qui est 64toujours lamentable lorsqu’on prend une 65resolution. Je m’en fais une fete de 66voir encore l’exposition des crepons 67Japonais7 et aussi je ne dedaigne pas 68du tout de voir le salon où il me semble 69qu’il y aura pourtant des choses interessantes/ 70quoique ayant lu le compte rendu du Figaro/8 71certes cela me laisse plus ou moins froid.
72Bien le bonjour à Jo et bonne poignée 73de main en pensée_