hier j’ai expédié trois collis postaux contenant des études que j’espère que tu recevras en bon ordre. J’ai bien à te remercier des 10 mètres toile qui viennent d’arriver.1
Tu trouveras dans les etudes les suivantes qui sont pour la mère et la soeur. Oliviers2 – chambre à coucher3 – faucheur4 – labourage avec charrue5 – champ de blé avec cyprès6 – Verger en fleur7 – portrait.–8
Le reste c’est surtout des études d’automne9 et je crois que la meilleure c’est le mûrier jaune contre un ciel très bleu.10 puis l’étude de la maison & du parc dont il y a deux variantes.–11 Les études toiles de 30 n’étaient pas encore sèches et suivront plus tard.12 Elles me donnent bien du mal et tantôt je trouve que c’est très laid, tantôt cela me parait bien – peutêtre auras tu la même impression quand tu les verras.– il y en a une douzaine donc c’est plus important que ce que je viens d’envoyer.
Malgré le froid je continue jusqu’à présent à travailler dehors et je crois que cela me fait du bien à moi et au travail.
La dernière etude que j’ai faite est une vue du village – où on était en train – sous des platanes énormes – à reparer les trottoirs. Il y a donc des amas de sable, des pierres et les troncs gigantesques – le feuillage jaunissant, et par ci par là on entrevoit une façade et des petites figures.13
Je pense souvent à toi et à Jo mais avec un sentiment comme s’il y avait une distance énorme d’ici à Paris et des années que je ne t’avais pas vu. J’espère que la santé va bien chez toi, pour moi j’ai pas à me plaindre, je me sens pour ainsi dire absolument normal mais sans idées pour l’avenir et vraiment je ne sais ce que cela doit devenir et j’evite peutêtre de creuser cette question sentant n’y rien pouvoir.
J’ai fini ou à peu près la copie des bêcheurs aussi.14
Tu verras que dans les grandes études il n’y a plus d’empatements. je prépare la chôse par des sortes de lavis à l’essence et puis procède par touches ou hâchures colorées et espacées entre elles. Cela donne de l’air et on use moins de couleur.
Si je veux faire porter cette lettre aujourd’hui il faut que je me dépêche donc poignée de main en pensée et bien des chôses à Jo.