Lettre de Gauguin pour dire qu’il me fait un tas de compliments immérités et pour ajouter qu’il ne viendra que fin du mois. Qu’il a été malade... qu’il redoute le voyage....1 Qu’y puis je..... mais enfin voyons – ce voyage est-il donc si éreintant puisque pourtant les pires poitrinaires le font. ???
Quand il viendra il sera le bienvenu.
S’il ne vient pas, eh bien c’est son affaire. Mais n’est-il pas clair ou ne devrait-il pas l’être qu’il vient ici juste pour être mieux.
Et il prétend avoir besoin de rester là-bas pour se guérir! Quelle betises! tout de même.
Merci de ton mandat de 20 francs. Je t’avais dit dans ma liste d’achats nécessaires 35 francs pour la commode table à toilette2 – bon – je viens d’en acheter une à 14 francs et de la payer, naturellement.–
Renvoie moi ces 14 francspar mandat je t’en prie.–
J’ai d’autant moins hesité à prendre ce meuble que je veux être prêt pour le cas où Gauguin viendrait plus tôt.
Je t’envoie copie de ma réponse à sa lettre un peu trop complimenteuse.3 Puisqu’il ne vient pas tout de suite, à plus forte raison je veux chercher à avoirtout en bon ordre et prêt à le recevoirle jour où il viendra.
J’ai fait nouvelle toile de 30 et je compte en commencer une nouvelle ce soir lorsqu’onallumera le gaz.
Celle que je viens de faire est encore un jardin.4
J’ai de ces jours ci toujours le sentiment de dépenser de l’argent mais tous les jours aussi cela m’étonne de le retrouver dans la maison. Allez cela fait du bien de rentrer chez soi et cela donne des idées pour le travail. Gauguin écrit très gentiment mais enfin il ne dit pas pourquoi il ne vient pas tout de suite. Il dit “parcequ’il est malade” mais viendrait-il ici pour se guérir? il me semblait justement que c’etait juste cela que nous cherchions.– Enfin laissez les fairetout ce que bon leur semblera.–
Merci de votre lettre – en verité trop complimenteuse pour moi.– Vous ne venez ainsi qu’à la fin du mois.–
Parfait – du moment qu’il doive vous sembler que vous guerirez plus vite en Bretagne qu’ici.
Je n’insiste pas. Seulement si la guérison ne marchait pas fort en Bretagne songez y donc que nous autres prétendons vous guérir ici plus vite que ça.
Allons, tout va toujours pour le mieux dans ce meilleur des mondes – où nous avons – toujours selon l’excellent père Pangloss, le bonheur ineffable de nous trouver.–5 Dans ce cas ci aussi je n’en doute aucunément – tout ira pour le mieux.–
Mais est ce que c’est exessivement vrai que le voyage à Arles soit si éreintant que vous dites. Va donc. puisque les pires poitrinaires le font.– Vous savez bien que le PLM6 est pour cela.– Ou bien êtes vous encore plus malade que vous dites. Je le crains et s’il y a lieu rassurez moi à ce sujet ou bien ecrivez carrement que vous etes mal pris, malade.
Mais vous ecrivez affaires, vous parlez de la lithographie.
Voici mon opinion.
Faire des lithographies le soir. Vous, moi, Bernard, Laval..... bon – j’en suis certes – mais pour leur publication périodique je n’en serai CERTES PAS tant que je ne suis pas plus riche que cela.
J’en ai plus qu’assez pour la peinture.– On y est dans la lithographie toujours pour son argent même en n’achetant pasles pierres. Cela ne couterait pas trop cher – je ne dis pas – mais enfin pour une publication quelque humble qu’elle fusse nous y serions à quatre pour au moins 50 francs “chaque”.aEt encore......
Dites moi le contraire si vous voulez, je n’insiste pas, mais enfin je dis ce que je dis.– J’ai déjà une petite experience d’un essai.7
Mais le.... encore... que j’ajoute c’est que cela ne durerait point et surtout ne prendrait point non plus dans le public.– et nous continuerions toujours à y être pour nos frais. Même si nous y sommes pour nos frais à la rigueur j’en suis encore pour faire ces lithographies en question.– Jamais par contre – mêmesans frais – je serais pour leur publication. Est ce à nos frais et pour notre propre plaisir et usage alors je vous le repète j’en suis. Est ce que vous en presumez autre chose?? je n’en serais pas.
ne me dites pas que cela coûte si peu que cela s’il s’agit de publier.