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689 To Theo van Gogh. Arles, Wednesday, 26 September 1888.

metadata
No. 689 (Brieven 1990 692, Complete Letters 541)
From: Vincent van Gogh
To: Theo van Gogh
Date: Arles, Wednesday, 26 September 1888

Source status
Original manuscript

Location
Amsterdam, Van Gogh Museum, inv. nos. b585 a-b V/1962 (sheets 1, 2), private collection, auction Sotheby's New York, 13 November 1997 (sheet 3)

Date
The letter was written one day after 687, on a day when the weather had been fine: ‘I’m well aware that I wrote to you only yesterday, but the day has been so beautiful again’ (ll. 1-2). Van Gogh wrote it in the evening after working outdoors all day. On 25 September there was still some rain; from 26 September the weather was dry, with temperatures around 25ºC and scattered cloud (Météo-France). On these grounds we have dated the letter Wednesday, 26 September 1888.

Ongoing topics
Second consignment of paintings from Arles (660)
Decoration of the Yellow House (665)
Van Gogh’s ambition to exhibit work at the 1889 World Exhibition (590)
Gauguin coming to Arles (602)
Attempts to sell work through Thomas (639)

Sketch

  1. The public garden (‘The poet’s garden’) (F 1465 / JH 1583), enclosed sketch (private collection)

original text
 1r:1
mon cher Theo,
je sais bien que je t’ai dejà écrit hier1 mais la journée a encore été si belle. Mon grand chagrin est que tu ne puisses pas voir ce que je vois ici. A partir de 7 heures du matin j’etais assis devant pourtant bien pas grand chôse – un buisson de cèdre ou de cyprès en boule – planté dans l’herbe. Tu le connais déjà ce buisson en boule puisque tu as déjà une étude du jardin.2 d’ailleurs ci inclus un croquis de ma toile – toujours un 30 carré.–3
Le buisson est vert un peu bronzé et varié, l’herbe est très très verte, du veronèse citronné, le ciel est très très bleu.
La rangée de buissons dans le fond sont tous des laurier roses fous furieux. Ces sacrés plantes fleurissent d’une façon que certes elles pourraient attrapper une ataxie locomotrice. Elles sont chargées de fleurs fraiches et puis de tas de fleurs fanées, leur verdure également se renouvelle par de vigoureux jets nouveaux, inépuisable en apparence.
Un funebre cyprès tout noir se dresse là-dessus et quelques figurines colorées se baladent sur un sentier rose.
Cela fait pendant à une autre toile de 30 du même endroit seulement d’un tout autre point de vue, où tout le jardin est coloré de verts très différents sous un ciel jaune citron pâle.4  1v:2 Mais n’est ce pas vrai que ce jardin a un drole de style qui fait qu’on peut fort bien se representer les poetes de la renaissance, le Dante, Pétrarque, Boccace, se baladant dans ces buissons sur l’herbe fleurie.5 Il est maintenant vrai que j’ai retranché des arbres mais ce que j’ai gardé dans la composition se trouve reellement tel quel. Seulement on l’a surchargé de certains buissons pas dans le caractère, d’ailleurs pour trouver ce caractere plus vrai et plus fondamental voilà la troisième fois que je peins le même endroit.
Or voilà pourtant le jardin qui est tout juste devant ma maison.
Mais ce coin de jardin est un bon exemple de ce que je te disais, que pour trouver le caractère réel des choses d’ici il faut les regarder et les peindre très longtemps.6
Car peutêtre verras tu rien que par le croquis que la ligne est simple maintenant.
Ce tableau ci encore est fort empâté comme son pendant à ciel jaune.
Demain j’espère travailler encore avec Milliet.7 Aujourd’hui encore à partir de 7h. du matin jusqu’à 6h. du soir j’ai travaillé sans bouger que pour manger un morceau à deux pas de distance. Voilà pourquoi le travail va vite.
Mais qu’en diras tu – qu’est ce qui m’en semblera à moimeme dans quelque temps d’ici.
 1v:3
J’ai une lucidité ou un aveuglement d’amoureux pour le travail actuellement.
Puisque cet entourage de couleur est pour moi tout nouveau et m’exalte extraordinairement. De fatigue pas question, je ferais encore un tableau cette nuit même et je l’amènerais.
Si je te dis que c’est très pressé que je recoive

6 gros  tubes  Jaune de Chrome I citron gros tubes
comme le blanc
de zinc &
d’argent
6 ,, ,, Vert véronèse
3 ,, ,, bleu de Prusse
10 ,, ,, blanc de zinc

alors c’est à déduire de la commande d’hier.8
De même 5 mètres de toile.
Je n’y peux rien, je me sens en lucidité et je veux autant que possible m’assurer d’assez de tableaux pour garder ma position lorsque les autres aussi feront pour l’année 89 un grand effort. Seurat a de quoi, avec 2 ou 3 de ses énormes toiles,9 de quoi exposer à lui seul, Signac qui est bon travailleur a de quoi aussi, Gauguin aussi et Guillaumin.– Donc je voudrais bien moi avoir pour cette époque – que nous l’exposions ou non – la serie d’études:

Décoration.10

Comme cela nous serons absolument originaux car les autres ne pourront pas nous trouver prétentieux lorsque nous n’avons que cela.  1r:4 Mais sois en bien assuré que je cherche à y mettre un style.
Milliet était aujourd’hui content de ce que j’avais fait le champ labouré,11 d’habitude il n’aime pas ce que je fais mais parceque les mottes de terre sont doux de couleur comme une paire de sabots cela ne le choquait pas – avec le ciel myosotys à flocons de nuages blancs. S’il posait mieux il me ferait bien plaisir et il aurait un portrait plus chic alors que maintenant je pourrai faire,a quoique la donnée soit belle de son visage à teint pâle et mat, le képi rouge contre un fond émeraude.
Ah comme je souhaiterais que tu voies tout ce que je vois de ces jours ci. Devant tant de belles chôses je ne peux que me laisser aller. Surtout parceque je sens que cela deviendra un peu mieux que le dernier envoi. Seulement le dernier envoi c’étaient des études qui m’ont préparé à pouvoir travailler d’aplomb de ces jours ci qui sont sans vent.
Pourquoi est ce que notre bon père Thomas ne veut pas me prêter quelque chôse sur mes études. il aurait tort de ne pas le faire – et j’espère qu’il le fera. Je crains de te surcharger toi et pourtant je voudrais commander bien pour deux cents francs de couleurs et de toiles et de brosses. C’est pas pour autre chôse, c’est pour cela. Tout l’automne peut être bon et si j’abats une  2r:5 toile de 30 tous les deux trois jours je gagnerai blusieurs pillets de mille vrans.12 J’ai de la force concentrée encore qui ne demande qu’à s’user dans le travail. Mais je commencerai fatalement par user un tas de couleurs et voilà pourquoi on aurait besoin de Thomas.–
Si je continue de travailler comme de ces jours ci j’aurai mon atelier tout plein d’études bien saines comme c’est chez Guillaumin.13 Certes Guillaumin aura de belles chôses nouvelles, je n’en doute pas et je voudrais bien les voir.
Les études actuelles sont réellement d’une seule coulée de pâte. La touche n’est pas divisée beaucoup et les tons sont souvents rompus. et enfin involontairement je suis obligé d’y empâter à la Monticelli.– Parfois je crois réellement continuer cet homme-là, seulement je n’ai pas encore fait de la figure amoureuse comme lui.
Et il est probable que je ne la ferai pas non plus avant quelques études sérieuses sur nature. Mais cela n’est pas pressé, maintenant je suis bien décidé à travaillér dur jusqu’à que j’aie surmonté.
Si je veux faire partir cette lettre je dois me presser.
As tu des nouvelles de Gauguin. j’attends à tout moment une lettre de Bernard qui suivra les croquis probablement.14
Certes Gauguin doit avoir une autre combinaison en tête, cela je le sens depuis des semaines et encore des semaines.
 2v:6
Cela lui est certes bien loisible.
La solitude ne me genera provisoirement pas moi et plus tard on en trouvera de la compagnie tout de même et peut etre plus qu’on voudra. Je crois seulement qu’il ne faut rien dire de désagréable à Gauguin s’il changerait d’avis et prendre la chôse absolument du bon côté. Puisque s’il s’associe avec Laval ce n’est que comme de juste puisque Laval est son élève et ils ont déjà fait ménage ensemble.15
à la rigueur ils pourraient ma foi venir ici tous les deux qu’on trouverait moyens de les caser.
Pour l’ameublement, si j’eusse su d’avance: Gauguin ne vient pas, tout de même j’aurais voulu avoir deux lits pour le cas échéant d’avoir à caser quelqu’un. Donc il est certes bien libre. Il y en aura toujours qui auront le desir de voir le midi. Qu’a fait Vignon?? Enfin si tout marche pour le mieux tout le monde ne manquera pas de faire de grands progres et moi aussi. Si tu ne peux pas voir ces beaux jours d’ici, toujours en verras tu les tableaux. Et je cherche à donner mieux que les autres. Poignee de main et

t. à t.
Vincent.

 3r:7 [sketch A]
translation
 1r:1
My dear Theo,
I’m well aware that I wrote to you only yesterday,1 but the day has been so beautiful again. My great sorrow is that you can’t see what I see here. From 7 o’clock in the morning I sat in front of what was, after all, nothing special — a round cedar or cypress bush — planted in grass. You know this round bush already, since you already have a study of the garden.2 By the way, included herewith a croquis of my canvas — a square no. 30 again.3
The bush is a variegated green, slightly tinged with bronze, the grass is very, very green, Veronese tinged with lemon, the sky is very, very blue.
The line of bushes in the background are all raving mad oleanders. These bloody plants flower in such a way that they could surely catch locomotor ataxia! They’re covered in fresh blooms, and then in masses of faded blooms; their foliage also keeps on putting out strong new shoots, apparently inexhaustibly.
A funereal cypress, completely black, stands above them and a number of small coloured figures are strolling along a pink path.
It makes a pendant for another no. 30 canvas of the same place, only from a quite different viewpoint, in which the whole garden is coloured in very different greens under a pale lemon yellow sky.4  1v:2 But isn’t it true that this garden has a funny sort of style that means that you can very well imagine the Renaissance poets, Dante, Petrarch, Boccaccio, strolling among these bushes on the flowery grass?5 Now it’s true that I’ve left out some trees, but what I’ve kept in the composition is really like that. Only they’ve overcrowded it with a number of bushes that aren’t in character; and so to find this truer and more fundamental character, this is the third time I’m painting the same spot.
Now that’s the garden that’s right in front of my house, after all.
But this corner of a garden is a good example of what I was telling you, that to find the real character of things here, you have to look at them and paint them for a very long time.6
Because perhaps you’ll see from the sketch alone that the line is now simple.
Again, this painting is heavily impasted, like its pendant with yellow sky.
Tomorrow I hope to work with Milliet again.7 Today I worked again from 7 o’clock in the morning until 6 o’clock in the evening without moving except to eat a bite a stone’s throw away. And that’s why the work’s going fast.
But what will you say about it — how will it seem to me, too, some time from now?  1v:3
At the moment I have a clear head, or a lover’s blindness toward my work.
Because being surrounded by colour like this is quite new to me, and excites me extraordinarily. Fatigue doesn’t come into it; I could do another painting tonight, even, and I could bring it home.
If I tell you that it’s very urgent that I receive

6 large  tubes  lemon chrome yellow I  large tubes
like the zinc and
silver white
6 ,, ,, Veronese green
3 ,, ,, Prussian blue.
10 ,, ,, zinc white

then it’s to be deducted from yesterday’s order.8
Also 5 metres of canvas.
I can’t help it, I feel in a clear frame of mind and I want as far as possible to make sure that I have enough paintings to maintain my position when the others will also be making a great effort for the year ’89. Seurat has enough, with 2 or 3 of his enormous canvases,9 to exhibit all by himself; Signac, who’s a good worker, also has enough, Gauguin too, and Guillaumin. So I’d like, myself, to have by that time — whether we were to exhibit it or not — the series of studies:

Decoration.10

That way we’ll be entirely original, because the others won’t be able to find us pretentious when that’s all we have.  1r:4 But be assured that I’ll try to give it a style.
Milliet was pleased today that I’d done the ploughed field;11 usually he doesn’t like what I do, but because the clods of earth were soft in colour, like a pair of clogs, it didn’t offend him — with the forget-me-not sky with its flecks of white cloud. If he posed better he would please me greatly, and he would have a smarter portrait than I’ll be able do now, although the subject itself is beautiful: his face with its pale, matt complexion, the red képi against an emerald background.
Ah, how I’d like you to see everything that I see these days! With so many beautiful things before me, I can’t help letting myself go. Especially because I feel that it’ll turn out a little better than the last consignment. But the last consignment was of studies that made me ready to be able to work with confidence these days that are windless.
Why is it that our good père Thomas isn’t willing to lend me something on my studies? He’d be wrong not to do it — and I hope that he will do it. I’m fearful of overburdening you, and yet I’d like to order a good two hundred francs worth of colours and canvases and brushes. It’s not for something else, it’s for that. The whole autumn may be good, and if I knock out a  2r:5 no. 30 canvas every two or three days, I’ll earn blenty of thousand-frenk pills.12 I have a concentrated strength still, which asks for nothing but to be used up in work. But I’ll inevitably begin to use up a quantity of colours, and that’s why we’d need Thomas.
If I continue working as I am these days, I’ll have my study full of really sound studies, the way it is at Guillaumin’s.13 Guillaumin must have some fine new things, of course, I don’t doubt it and I’d very much like to see them.
The present studies actually consist of a single flow of impasto. The brushstroke isn’t greatly divided, and the tones are often broken. And in the end, without intending to, I’m forced to lay the paint on thickly, à la Monticelli. Sometimes I really believe I’m continuing that man’s work, only I haven’t yet done figures of lovers, like him.
And it’s probable that I won’t do it, either, before some serious studies from life. But that’s not urgent; now I’m determined to work hard until I’ve surmounted it.
If I want this letter to go off, I must hurry.
Have you any news of Gauguin? I expect a letter from Bernard at any moment, which will follow the croquis, probably.14
Gauguin must have another partnership in mind; I’ve felt that for weeks and yet more weeks.  2v:6
He’s certainly free to do so.
Being alone won’t bother me for the time being, and later on we’ll find some company anyway, and perhaps more than we’ll want. Only I believe that we mustn’t say anything unpleasant to Gauguin if he were to change his mind, and take the thing entirely in good part. Because if he joins up with Laval, that’s only fair, since Laval’s his pupil and they’ve already kept house together.15
If it came to it, well, they could both come here and we’d find a way of putting them up.
As for the furnishing, if I’d known in advance that Gauguin wasn’t coming, I’d still have wanted to have two beds in case I had to put someone up. So he’s definitely quite free. There will always be those who have a wish to see the south. What has Vignon been doing?? Ah well, if it all turns out for the best everyone will be sure to make great progress, and me too. If you can’t see the beautiful days here, you’ll still see the paintings of them. And I’m trying to make them better than the others. Handshake and

Ever yours,
Vincent.

 3r:7
[sketch A]
notes
1. This letter of the day before was letter 687.
2. Theo had received this study of the public gardens, Newly mown lawn with a weeping tree (F 428 / JH 1499 ), with the second consignment of paintings (see letter 660, n. 1).
3. The enclosed sketch is The public garden (‘The poet’s garden’) (F 1465 / JH 1583). There is a similar letter sketch in letter 693 to Eugène Boch. The painting after which the drawing and the letter sketch of this ‘round cedar or cypress bush’ were done is not known. Soon after this Van Gogh described the work as ‘the garden with the round bush and the oleanders’ (694).
We do not know whether there is anything written on the back of the enclosed sketch. It was sold at Sotheby’s New York on 13 November 1997 (present whereabouts unknown).
4. The public garden (‘The poet’s garden’) (F 468 / JH 1578 ).
5. Van Gogh had associated his painting of the park with these poets before, prompted by an article in the Revue des Deux Mondes. See letter 683, n. 15.
6. Van Gogh wrote this in letter 686.
7. Van Gogh was working on Paul Eugène Milliet (‘The lover’) (F 473 / JH 1588 ); see letter 687.
8. See letter 687 for this paint order.
9. See letter 589, n. 19, for Seurat’s large canvases.
10. At this point Van Gogh in any event counted the two no. 30 canvases of sunflowers, Sunflowers in a vase (F 456 / JH 1561 ) and Sunflowers in a vase (F 454 / JH 1562 ), as part of this series, which he intended for the decoration of the Yellow House; see letter 677. He probably also regarded the paintings for which he was having frames made as part of the decoration. For this see letter 673, n. 16.
11. Ploughed fields (‘The furrows’) (F 574 / JH 1586 ).
a. Read: ‘je pourrais faire maintenant’.
12. A mocking reference to a foreigner who speaks French with a strong accent. In letter 184 Van Gogh quoted a character in a Balzac novel like this, and in letter 623 he imitated Mourier-Petersen’s pronunciation.
13. See letter 631 for Vincent and Theo’s visit to Guillaumin’s studio.
14. See letter 687, n. 14, for these drawings Bernard sent.
15. Laval had been with Gauguin in Pont-Aven since July 1888. They had been together on Martinique: letter 623, n. 3.