je t’envoie la lettre de Gauguin ci inclus,1 heureusement il retrouve sa santé.
Comment va la tienne.
je voudrais bien que Russell fît quelquechôse – cependant il a femme, enfants, atelier, maison en construction et je puis très bien me figurer qu’un homme même riche ne puisse pas toujours dépenser 100 francs – ne fût ce que cela – pour des tableaux.2
Je crois que cela me ferait un changement énorme si Gauguin était ici parceque les journées se passent maintenant sans dire mot à personne. Enfin. Dans tous les cas sa lettre m’a fait énormement plaisir.
Etant trop longtemps seul à la campagne on s’abrutit et pas encore maintenant – mais cet hiver je pourrais devenir stérile par là. Or ce danger n’existera plus si lui vient car les idees ne nous manqueront pas.
Si le travail marche et si le coeur ne nous manque pas, il y a de l’espoir de voir des années bien intéressantes dans l’avenir. Est ce que Mouries est encore avec toi.
Serait ce possible que j’eusse ta lettre Dimanche – je n’y compte cependant pas, sachant que c’est la fin du mois.–
C’est que j’aurai probablement un modèle cette semaine.3
J’ai bien grand besoin de quelques études de figures. Dans ce moment j’ai comme une exposition chez moi dans ce sens que j’ai detaché toutes les etudes des chassis et que je les ai cloué au mur pour achever de sécher. Tu verras que lorsqu’il y en aura un grand nombre et qu’on fasse là-dedans un choix cela reviendra au même que si je les avais étudiés davantage et travaillés plus longtemps. Car faire et refaire un sujet sur la meme toile ou sur plusieurs toiles revient en somme au même sérieux. Je suis un peu pressé, donc poignée de main et