608 To Theo van Gogh. Arles, Thursday, 10 May 1888.

D’abord j’ai eu un temps de travail absolument absorbant puis j’étais si ereinté et si malade que je ne me sentais pas la force d’aller restera seul – et je me suis trop laissé faire, ils se fondent sur une époque où je leur payais davantage (lorsque j’etais malade et leur avais demandé du meilleur vin) pour leur note d’aujourd’hui.

Mais c’est en somme tant mieux que maintenant tout cela m’a fait de force prendre ce parti.

Je crois que je suis en somme un ouvrier et non un étranger ramolli et touriste pour son plaisir et ce serait manque d’energie de ma part de me laisser exploiter comme tel. Je commence donc à établir un atelier qui pourra en même temps servir aux copains, s’il vient ou s’il est des peintres ici.–

Tu trouveras dans la caisse d’abord les tableaux que j’avais fait pour Jet Mauve et pour Tersteeg.2 Si dans l’intervalle tu te serais apercu que Tersteeg en serait offensé, enfin en un mot s’il vaut mieux que moi je ne lui cause pas, alors tu le garderas et tu pourras gratter la dédicace3 et nous l’échangerons avec un copain. Des répétitions de ces deux études4 il me semblait que le pont etait mieux que celui de Tersteeg mais que l’etude de Jet Mauve est plus simple que la repetition. Peutetre qu’en vieillissant cette repetition gagnera, je l’avais beaucoup travaillée.  1v:3 Après la serie des vergers5 – je pense que le verger blanc dont je t’ai envoyé dessin à la plume6 et le plus grand de tous en rose et vert sur une toile absorbante7 sont les meilleures. Une grande étude sans chassis et une autre sur chassis où il y a beaucoup de pointillé8 sont inachevées, ce que je regrette car la composition donnait l’ensemble des grands vergers entourés de cyprès d’ici. Enfin je t’ai déjà écrit ce que j’en pensais. et tu les auras bientôt vu que la caisse part ce soir.

Poignée de main.