1r:1
1Mon cher Theo,
2Durant le voyage j’ai
3pour le moins autant pensé à toi qu’au
4nouveau pays que je voyais.1
5Seulement je me dis que plus tard
6tu viendras peutêtre toi-meme
7souvent ici. Il me semble presque
8impossible de pouvoir travailler à Paris
9à moins que l’on n’aie une retraite pour
10se refaire et pour reprendre son calme
11et son aplomb. Sans cela on
12serait fatalement abruti_
13Maintenant je te dirai que pour
14commencer il y a partout au moins 60
15centimetres de neige de tombée et il en
16tombe toujours_
17Arles ne me semble pas plus grand que
18Breda ou Mons_2
19Avant d’arriver à Tarascon3 j’ai remarqué
20un magnifique paysage – d’immenses
21rochers jaunes étrangement enchevêtrées/
22des formes les plus imposantes_
23Dans les petits vallons de ces rochers étaient  1v:2
24allignés de petits arbres ronds au feuillage
25d’un vert olive ou vert gris qui pourraient
26bien être des citronniers_
27Mais ici à Arles le pays parait plat_
28J’ai aperçu de magnifiques terrains
29rouges plantés de vignes avec des
30fonds de montagnes du plus fin lilas_
31Et les paysages sous la neige avec
32les cimes blanches contre un ciel aussi
33lumineux que la neige étaient bien
34comme les paysages d’hiver qu’ont
35fait les japonnais_
36Voici mon adresse

37Restaurant Carrel
3830 Rue Cavalerie
39Arles4

40Je n’ai encore fait qu’un petit
41tour dans la ville etant plus ou
42moins esquinté hier soir_
43t’écrirai bientôt – un antiquaire
44où j’entrais hier dans la meme rue ici
45me disait connaitre un Monticelli_5
46Avec une bonne poignée à toi et
47aux copains_

48b_ à t_
49Vincent


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