1r:1
Waarde Theo,
met een woordje wilde ik U vertellen dat – ook ingevolge Uw brief waarin ge een woord over penteekeningen zeidet – ik voor U heb vijf wevers die ik naar mijne geschilderde studies heb gemaakt en eenigzins anders – en geloof ik pittiger – van factuur zijn dan de penteekeningen welke tot heden ge van me zaagt.
1
Ik ben er van vroeg tot laat aan werkende want heb behalve de geschilderde studies en de penteek. nog nieuwe aquarellen
2 ook er van opgezet.
Ik dacht dezer dagen veel aan U, naar aanleiding ook van een boekje dat van U afkomstig is en ik te leen heb van Lies – de gedichten van
François Coppée .
3 Slechts zeer enkelen kende ik van hem en hadden in der tijd reeds me getroffen. Hij is een van de ware artisten – qui y mettent leur peau
4 – blijkbaar uit meer dan eene navrante confidentie.– Artist te meer omdat hij door zoo veel zeer uiteenloopende dingen getroffen wordt en zoowel een wachtkamer 3
e klasse vol emigranten die er den nacht doorbrengen weet te schilderen – alles graauw en somber en melankoliek – en toch in een andere stemming een marquizinnetje dat een menuet danst, teekent als een figuurtje van Watteau zoo elegant.
5
Dat opgaan in ’t moment – dat zoo gansch en al meegesleept en geinspireerd worden door ’t milieu waarin men toevalligerwijs is – wat kan men er aan doen. en al kon men er zich tegen in zetten als men wou, waartoe zou het nuttig zijn, waarom zou men zich niet overgeven aan dat wat voor de hand ligt als zijnde dit nog après tout de zekerste weg om iets te créeeren.
1v:2
mij trof het laatste uit het boekje, getiteld désir dans le spleen. dat ik copieer om het U te herinneren.
6
Tout vit, tout aime! et moi, triste et seul, je me dresse
Ainsi qu’un arbre mort sur le ciel de printemps
Je ne peux plus aimer, moi qui n’ai que trente ans
Et je viens de quitter sans regrets ma maîtresse.
Je suis comme un malade aux pensers assoupis
Et qui, plein de l’ennui de sa chambre banale,
N’a pour distraction stupide & machinale,
Que de compter des yeux les fleurs de son tapis.
Je voudrais quelquefois que ma fin fût prochaine
Et tous ces souvenirs – jadis délicieux
Je les repousse, ainsi qu’on détourne les yeux
Du portrait d’un aïeul dont le regard vous gêne.–
Même du vieil amour qui m’a fait tant pleurer
Plus de trace en ce coeur – blasé de toute chose.
O figure voilée & vague en mes pensées
Rencontre de demain que je ne connais pas
Courtisane accoudée aux débris d’un repas
Ou – femme sérieuse aux pâles paupières baissées
Parais! – si tu peux encore électriser
Ce misérable coeur sans désir et sans flamme
Me rendre l’infini dans un regard de femme
Et toute la nature en fleur dans un baiser.
Viens!– Comme les marins d’un navire en détresse
Jettent – pour vivre une heure – un trésor dans la mer –
Viens – je te promets tout, âme et coeur – sang et chair,
Tout – pour un seul instant de croyance – ou d’ivresse.
1v:3
L’espoir divin qu’à deux on parvient à former
Et qu’à deux on partage
L’espoir d’aimer longtemps – d’aimer toujours – d’aimer
Chaque jour davantage –
Le désir éternel – chimérique et touchant
Que les amants soupirent –
A l’instant adorable où – tout en se cherchant
Leurs lèvres se respirent
Ce désir décevant, ce cher espoir trompeur,
Jamais nous n’en parlâmes
Et je souffre de voir que nous en ayons peur
Bien qu’il soit dans nos âmes
Lorsque je te murmure, amante interrogée
Une douce réponse
C’est le mot – pour toujours –
Sans que je le prononce:
Et bien qu’un cher écho le dise dans ton coeur
Ton silence est le même
Alors que sur ton sein, me mourant de langueur
Je jure que je t’aime.
Qu’importe le passé – qu’importe l’avenir?
La chose la meilleure
C’est croire que jamais elle ne doit finir
L’illusion d’une heure –
Et quand je te dirai: – “pour toujours!–” ne fais rien
qui dissipe ce songe
Et que plus tendrement ton baiser sur le mien
S’appuye & se prolonge.
en dan dit –
Toi que j’ai vu pareil au chêne foudroyé
Je te retrouve époux, je te retrouve père
Et sur ce front songeant à la mort qui libère
Jadis le pistolet pourtant s’est appuyé.–
Tu ne peux pas l’avoir tout à fait oublié
Tu savais comme on souffre et comme on désespère
Tu portais dans ton coeur l’infernale vipère
D’un grand amour perdu, d’un grand espoir – broyé.
Sans y trouver l’oubli – tu cherchas les tumultes
L’orgie et ses chansons – la gloire & ses insultes
Et les longues clameurs de la mer & du vent.–
Qui donc à ta douleur imposa le silence –
o Solitaire – il a suffi de la cadence
Que marque le berceau d’un petit enfant.
1r:4
en dan dit –
O mon coeur, es tu donc si débile et si lâche,
Et serais tu pareil au forçat qu’on relâche
Et qui boite toujours de son boulet traîné?–
Tais toi – car tu sais bien qu’elle t’a condamné.
Je ne veux plus souffrir & je t’en donne l’ordre
Si je sens encor te gonfler & te tordre
Je veux – dans un sanglot contenu – te broyer;
Et – l’on n’en saura rien – et – pour ne pas crier,
On me verra – pendant l’effroyable minute
Serrer les dents – ainsi qu’un soldat qu’on ampute.–
Zeker is dit poezie en wel al mee van de beste – Désir dans le spleen in ’t bijzonder vind ik zoo juist, schildert hoe juist in de afgematten en die er haast bij neervallen bij momenten die oneindige hernieuwing van begeerte ontstaat, als hadden ze niets achter den rug – ik dacht aan Rembrandts Jodenbruid
10 – en wat Thoré er van zegt.–
11 Thoré – (in zijn goeden tijd) en Theo Gautier
12 en zooveel anderen – wat is er veel veranderd sedert hen – en wat is ’t een boel saaier geworden. Wil men iets van ’t vuur in zich houden, men moet zoo min mogelijk tegenwoordig ’t aan anderen toonen. Enfin.–
Hebt ge ontvangen het bezendinkje dat ik verl. week zond.–
13
De penteekeningen moet ik nog een weekje houden wegens ze nog dienen moeten om andere dingen af te werken die ik tegelijk opgezet heb. Doch ge ontvangt ze spoedig – doch meld me s.v.p. of het postpaketje goed overkwam en of het voldoende gefrankeerd is. Wegens welligt teekeningen gelden als geschreven schrift en er meer voor moet betaald worden.
Gegroet – ik hoop ge iets zult kunnen doen met het een of ander.
b. à. t.
Vincent
Pa schreef U reeds over Moe een paar dagen geleden.– Sedert alles normaal gebleven en de dokter zeide heden hij in ’t begin niet had durven hopen ’t zoo goed zou zijn gegaan.
2r:5
Coppée is er nog een als Heine of Musset – ik schrijf er nog eenigen over.
Ce n’est pas qu’elle fût bien belle
Mais nous avions tous deux vingt ans
Et ce jour-là – je me rappelle,
Etait un matin de printemps –
Ce n’est pas qu elle eût l’air bien grave
Mais je jure ici que jamais –
Je n’ai rien osé de plus brave
Que de lui dire que j’aimais
Ce n’est pas qu’elle eût le coeur tendre
Mais c’était si delicieux
De lui parler et de l’entendre
Que les pleurs me venaient aux yeux
Ce n’est pas qu’elle eût l’ame dure
Mais pourtant elle m’a quitté (of misschien je l’ai quitée)
15
Et, depuis, ma tristesse dure,
Et, c’est pour une éternité
16
Quand on rentre – le soir, par la cité déserte
Regardant sur la boue humide, grasse, verte,
Les longs sillons de gaz tous les jours moins nombreux,
Souvent un chien perdu – tout crotté, morne, affreux
Un vrai chien de faubourg, que son trop pauvre maître
Chassa d’un coup de pied en le pleurant peut être,
Attache à vos talons obstinément son nez
Et vous lance un regard si vous vous retournez
Quel regard! long, craintif, tout chargé de caresse,
Touchant comme un regard de pauvre ou de maîtresse,
Mais sans espoir pourtant, avec cet air douteux
De femme dédaignée ou de pauvre honteux.
Si vous vous arrêtez, il s’arrête, et, timide
Agite faiblement sa queue au poil humide
Sachant bien que son sort en vous est débattu,
Il semble dire: Allons – emmène moi – veux tu –?
On est ému – pourtant on manque de courage
On est pauvre soi-même, on a peur de la rage,
Enfin, mauvais, on fait la mine de lever
Sa canne – on dit au chien: Veux tu bien te sauver!
Et tout penaud – il va faire son offre à d’autres.–
Dit is ook toepasselijk op de kunst .–
La sinistre rencontre! et quels temps sont les nôtres
Et quel mal nous ont fait ces féroces
– Prussiens
– gens de bien
– gens trop pleins
(zooiets)
Que les plus pauvres gens abandonnent leurs chiens
Et que, distrait du deuil public – il faille encore
Plaindre ces animaux dont le regard implore
Vous portez, mon bel officier
Avec une grâce parfaite
Votre sabre à garde d’acier –
Mais je songe à notre défaite
Cette pélisse de drap fin
Dessine à ravir votre taille
Vous êtes charmant; mais enfin
Nous avons perdu la bataille
On lit votre intrépidité
Dans vos yeux aux sourcils minces
Aucun mal d’être bien ganté
Mais on nous a pris 2 provinces
A votre âge on est toujours fier
D’un peu de passementerie
Mais, voyez-vous, c’était hier
Qu’on mutilait notre patrie
Mon lieutenant – je ne sais pas
Si le soir – un doigt sur la tempe
Tenant le livre – ou le compas
Vous veillez tard près de la lampe
Vos soldats sont ils vos enfants
Etes vous leur chef & leur père?
Je veux le croire et me defends
D’un doûte qui me désespère
Tout galonné sur le chemin
Pensez-vous à la délivrance?
– Jeune homme – donne moi la main
Crions un peu: Vive la France
2v:6
Dans le salon bourgeois où je l’ai rencontrée
Ses yeux doux & craintifs – son front d’ange proscrit
M’attirèrent d’abord vers elle – et l’on m’apprit
Que d’un mari brutal elle était séparée
Elle venait encore chez ces anciens amis
Dont la maison avait vu grandir son enfance
Et qui, malgré le bruit dont le monde s’offense
Au préjugé cruel ne s’etaient point soumis –
Mais elle savait bien – resignée et très-douce
Qu’on ne la recevait qu’en petit comité
Et s’attendait toujours – dans sa tranquilité
Au mot qui congédie – à l’acceuil qui repousse
Donc, les soirs sans diner ni bal au piano,
Elle venait broder près de l’âtre, en famille,
Et c’est là que, devant son air de jeune fille,
Je m’étonnai de voir à son doigt un anneau –
Stoïque, elle acceptait son etrange veuvage
Sans arrière pensée – et très naïvement
Pour prouver qu’elle était fidèle à son serment,
Sa main avait gardé le signe d’esclavage –
Elle était pâle et brune – elle avait 25 ans –
Le sang veinait de bleu ses mains longues et fières
Et – nerveux, les longs cils de ses chastes paupières
Voilaient ses regards bruns de battements fréquents
Ni byjou ni ruban. Nulle marque de joie
Jamais la moindre fleur dans le bandeau châtain
Et le petit col blanc, étroit et puritain
Tranchait seul sur le deuil de la robe de soie
Brodant très lentement et d’un geste assoupli
Et ne se doutant pas que l’ombre transfigure
Sa place dans la chambre etait la plus obscure;
Elle parlait à peine & désirait l’oubli –
Mais à la question banale qu’on adresse
Quand elle répondait quelques mots en passant,
Cela faisait du mal d’entendre cet accent
Brisé par la douleur et fait pour la tendresse
Cette voix lente et pure, et lasse de prier
Qu’interrompait jadis la forte voix d’un maître
Et qu’une insulte hélas! un bras levé peut-etre
De honte et de terreur firent un jour crier
Quand un petit enfant présentait à la ronde
Son front à nos baisers, oh, comme lentement
Mélancoliquement et douloureusement
Ses lèvres s’appuyaient sur cette tête blonde
2r:8
Mais aussitôt après ce trop cruel plaisir
Comme elle reprenait son travail au plus vite!
Et sur ses traits alors quelle rougeur subite,
En songeant au regret qu’on avait pu saisir.
Car je m’apercevais, quoiqu’on fût bon pour elle
Qu’on la plaignit d’avoir fait un si mauvais choix
Que ce monde aux instincts timorés & bourgeois
Conservait une crainte – après tout naturelle –
J’avais bien remarqué que son humble regard
Tremblait d’etre heurté par un regard qui brille
Qu’elle n’allait jamais près d’une jeune fille
Et ne levait les yeux que devant un vieillard.
Jeune homme qui pourrais aimer la pauvre femme
Et qui la trouveras quelque jour sur tes pas
Ne la regarde pas & ne lui parle pas
Ne te fais pas aimer, car ce serait infâme!
Va, je connais l’adresse et les subtilités
Du sophisme, aussi bien que tu peux les connaitre.
Je sais que son oeil brûle & que sa voix pénètre,
Et quel sang bondira dans vos coeurs révoltés.
Je sais qu’elle succombe et qu’elle est sans défense
Qu’elle meurtrit son sein devant le crucifix,
Qu’elle t’adorerait comme un dieu, comme un fils;
Je sais que ta victoire est certaine d’avance.
Oui, pour toi je suis sûr qu’elle sacrifierait
Son unique tresor, l’honneur pur & fidèle,
Et que tu voudrais vivre et mourir auprès d’elle
– C’est bien – Mais je suis sûr aussi qu’elle en mourrait.
2v:7
Obsédé par ces mots, le veuvage & l’automne
Mon rêve n’en veut pas d’autres pour exprimer
Cette melancolie immense & monotone
Qui m’ôte tout espoir & tout désir d’aimer –
Il évoque sans cesse une très longue allée
De platanes géants dépouillés à demi
Dans laquelle une femme en grand deuil & voilée
S’avance lentement sur le gazon blêmi
Ses longs vêtements noirs lui faisant un sillage
Traînent en bruissant dans le feuillage mort;
Elle suit d’un regard la fuite d’un nuage
Sous le vent déjà froid & qui chasse du nord
Elle songe à l’absent qui lui disait – je t’aime –
Et – sous le grand ciel bas qui n’a plus un rayon
S’aperçoit qu’avec la dernière chrysanthème
Hier a disparu – le dernier papillon –
Elle chemine ainsi – dans l’herbe qui se fâne
Bien lasse de vouloir – bien lasse de subir
Et toujours sur ses pas les feuilles de platane
Tombent avec un bruit triste comme un soupir.
En vain – pour dissiper ces images moroses
J’invoque ma jeunesse & ce splendide été
Je doute du soleil, je ne crois plus aux roses
Et je vais le front bas comme un homme hanté
Et j’ai le coeur si plein d’automne & de veuvage
Que je rêve toujours, sous le ciel pur & clair
D’une figure en deuil – dans un froid paysage
Et de feuilles tombant au premier vent d’hiver.