1r:1
Mon cher frère,
Merci de ta bonne lettre et du billet de 50 fr. qu’elle contenait.
Je voudrais bien t’écrire sur bien des chôses mais j’en sens l’inutilité.
J’espère que tu auras retrouvé ces messieurs en de bonnes dispositions à ton égard.1
Que tu me rassures sur l’etat de paix de ton ménage c’était pas la peine. Je crois avoir vu le bien autant que l’autre côté.– Et suis tellement d’ailleurs d’accord que d’élever un gosse dans un quatrieme étage est une lourde corvée tant pour toi que pour Jo.– Puisque cela va bien, ce qui est le principal, insisterais je sur des chôses de moindre importance? Ma foi avant qu’il y ait chance de causer affaires à têtes plus reposées il y a probablement loin. Voilà la seule chose qu’à present je puisse dire et que cela pour ma part je l’ai constaté avec un certain effroi, je ne l’ai pas caché déjà mais c’est bien là tout.–
 1v:2
Les autres peintres, quoi qu’ils en pensent, instinctivement se tiennent à distance des discussions sur le commerce actuel. Eh bien vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux.
mais pourtant mon cher frère, il y a ceci que toujours je t’ai dit et je te le redis encore une fois avec toute la gravité que puissent donner les efforts de pensée assidument fixée pour chercher à faire aussi bien qu’on peut – je te le redis encore que je considererai toujours que tu es autre chose qu’un simple marchand de Corots,2 que par mon intermediaire tu as ta part à la production même de certaines toiles, qui même dans la débacle gardent leur calme. Car là nous en sommes et c’est là tout ou au moins le principal que je puisse avoir à te dire dans un moment de crise relative. Dans un moment où les chôses sont fort tendues entre marchands de tableaux – d’artistes morts – et artistes vivants.
Eh bien mon travail à moi j’y risque ma vie et ma raison y a fondréea à moitié – bon –  1v:3 mais tu n’es pas dans les marchands d’hommes; pour autant que je sache et puisse prendre parti je te trouve agissant réellement avec humanité mais que veux tu

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