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Paris le 29 Mars 1890

Mon cher Vincent,
Comme je serais content de pouvoir aller te voir demain pour te serrer la main le jour de ta fête.1 Est ce que ce sera une fête pour toi ou est ce que tu es toujours dans un état où tu te trouves malheureux. Qu’est ce que tu fais dans la journée & as tu quelque chose à faire pour te distraire. Peut tu lire et as tu ce qu’il te faut? J’espérais  1v:2 après ta dernière lettre2 que tu étais entré en convalescence & que bientot après tu aurais écrit que tu allais mieux. Mon chèr frère comme c’est triste d’être si loin l’un de l’autre & de savoir si peu ce que l’autre fait. C’est pourquoi je suis très heureux de pouvoir te dire que j’ai rencontré le Dr Gachet. Ce médecin dont Pissarro m’avait parlé. Il a l’air d’un homme qui comprend bien les choses. Il te ressemble un peu comme physique. Quand tu viendra içi nous irons le voir, il vient consulter à Paris plusieurs fois dans la semaine.3 Il me disait quand je lui racontais comment se produisaient tes crises, qu’il ne croyait pas que cela avait quelque chose à faire avec la folie  1v:3 et que si c’était ce qu’il croyait il répondait qu’il te guérirait, mais il avait besoin de te voir & de causer avec toi pour pouvoir se prononcer avec plus de sureté. C’est un homme qui pourra nous être très utile si tu viens içi. En as tu déjà parlé avec le Dr Peyron & qu’en dit il? Je ne suis pas encore retourné aux Indépendants, mais Pissarro qui y allait tous les jours me dit que tu as un vrai succès parmi les artistes. Il y a aussi des amateurs qui m’en ont parlé avant que je les leur avait signalé. Les journaux qui donnent un compte rendu de l’exposition se taisent sur la salle des impressionnistes.4 C’est encore le mieux qu’ils peuvent faire car la pluspart de ces critiques tu sais bien ce qu’elles valent. Il commence à faire  1r:4 içi un vrai temps de printemps. Cet après midi Jo & l’enfant étaient dans le petit square devant la Trinité.5 Les arbustes commencent à devenir vertes & les arbres laissent voir des points verts aux bourgeons, tout nageait dans un soleil bienfaisant & le gris de l’église contre le bleu intense du ciel était bien beau.
Jo & l’enfant vont bien. De temps en temps il y a bien quelque chose qui cloche, mais il n’y a rien de serieux. Le médecin qui venait cette semaine disait que c’était un enfant magnifique & faisait des compliments à Jo. Tu verras comme il est drole dans ses mouvements. Mon cher frère j’ai un très grand désir d’apprendre si tu vas mieux & d’avoir des détails sur ta santé. Aie bon courage & conserve l’espoir que prochainement cela ira mieux.
Je t’envois quelques reproductions d’eaux fortes par Rembrandt,6 elles sont si belles. Bonne poignée de mains & crois moi ton frère qui t’aime

Theo

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