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le 3 Janv: 1890

Mon cher Vincent,
J’étais agréablement surpris par ta lettre1 car après avoir reçu un mot de Mr Peyron2 je n’osais pas espérer qu’il te fût possible d’écrire & je ne te cache pas que cela me chagrinait beaucoup. C’est curieux que cela t’ait repris juste un an après la première attaque & cela prouve qu’il faut rester sur tes gardes. Ainsi si tu sais qu’il est dangereux  1v:2 par moments d’avoir des couleurs près de toi pourquoi ne les mettrais tu pas de côté pour quelque temps en faisant des dessins.3 Comme les autres fois cette crise peut être suivie par une autre quoique bien moins violente. Je crois que dans ces moments çi tu fera mieux de ne pas vouloir travailler avec de la couleur. D’içi quelque temps rien ne t’empêchera de recommencer.
Pour ce qui concerne l’envoi à Bruxelles il y a mal entendu.a Le bon docteur Peyron en te lisant ma lettre4 a fait erreur. Les tableaux ont été prêts à temps & partent aujourd’hui. Ce que je te demandais c’était si tu voulais y joindre quelques  1v:3 dessins. Pour revenir encore une fois sur ce que je te disais, si tu ne travaillais pas avec de la couleur pendant quelque temps rien ne t’empêchera de faire des dessins.– Depuis hier soir Wil est avec nous,5 elle a bonne mine & aporte de bonnes nouvelles de la maison, ta lettre avait fait beaucoup de plaisir à la mère.6 Je n’ai pas de nouvelles de Gauguin. Il est heureux qu’il a de Haan avec lui, car c’est celui çi qui paye tout pour son entretien & sa couleur, mais je ne sais pas s’il pourra continuer toujours. J’espère que tu te portes déjà bien mieux & que le mal ne reviendra pas. Bien des choses de Jo & de Wil. Bon courage & porte toi bien.

tout à toi
Theo

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