1r:1
Mon cher frère
J’espère que Gauguin te rassurera completement aussi un peu pour les affaires de la peinture.
Je compte bientot reprendre le travail.
La femme de ménage et mon ami Roulin avaient pris soin de la maison, avaient tout mis en bon ordre.1
Lorsque je sortirai je pourrai reprendre mon petit chemin ici et bientôt la belle saison va venir et je recommencerai les vergers en fleurs.2
Je suis, mon cher frère, si navré de ton voyage, j’eusse désiré que cela t’eût été épargné car en somme aucun mal ne m’est arrivé et il n’y avait pas de quoi  1v:2 te déranger.
Je ne saurais te dire combien cela me rejouit que tu aie fait la paix et même plus que cela avec les Bonger. Dis cela de ma part à André et serre lui la main bien cordialement pour moi.3
Que n’aurais je pas donné pour que tu eusses vu Arles lorsqu’il y fait beau, maintenant tu l’as vu en noir.
Bon courage cependant, adresse les lettres directement à moi, Place Lamartine 2. J’enverrai à Gauguin ses tableaux restés à la maison aussitôt qu’il le désirera. Nous lui devons les dépenses faites par lui pour les meubles.4
Poignée de main, je dois encore rentrer à l’hôpital mais sous peu j’en sortirai tout à fait.

t. à t.
Vincent

Ecris aussi un mot à la mère de ma part, que personne ne se fasse des inquietudes.–5

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